L'usine postale (1906-1993)


" De l’avènement de l’automobile à l’arrivée du T.G.V.... le service clef de la distribution "

L’historique du site se confond avec celui de la presqu’île, autrefois île Moignat. Pendant que le chemin de fer conquiert la presqu’île, la Poste, elle, s’implante dans les campagnes. La mise en activité de son service dit " rural " est une réussite au-delà de toutes les espérances et les ouvertures de bureaux se multiplient.

Une grande partie du courrier du sud-est de la France transite par Lyon. Malgré le tri sommaire effectué dans les trains par les ambulants, le travail à Lyon est considérable. A la fin du XIXe siècle, son traitement dépasse le cadre artisanal, un bâtiment fonctionnel devient un impératif de plus en plus pressant.

La situation est dramatique lorsqu’en juin 1902, Alexandre Bérard, qui a été chef de cabinet à la mairie de Lyon, est nommé sous-secrétaire d’État des Postes et Télégraphes. Il connaît la situation de la Poste à Lyon... Il a tous les pouvoirs... Les décisions tombent :
- construction d’une " usine postale " pour le traitement du courrier ;
- transfert des facteurs dans un local provisoire en attendant sa réalisation ;
- transfert de la Recette Principale dans un local plus spacieux.

Il choisit un terrain de 2100 m2 sis à l’angle des rues Gilibert et Dugas-Montbel qui a l’avantage d’appartenir à la Ville et d’être proche de la gare principale, permettant l’accès direct aux voies.

Dès lors, tout va très vite. La Ville cède gratuitement le terrain et autorise la construction d’une passerelle qu’elle exonère du droit de voirie. Elle autorise également le prolongement d’une ligne de tramways depuis le terminus de Perrache jusqu’au carrefour Gilibert-Dugas pour le transport des facteurs, mais insiste pour qu’un bureau soit ouvert au public au rez-de-chaussée du bâtiment car celui du cours du Midi va être transféré place Ampère, ce qui est une catastrophe pour les industriels et les artisans de " derrière les voûtes ".

La construction est confiée à Jean Clapot, architecte lyonnais. Les travaux, terminés en août 1906, ne comprennent pas la passerelle prévue : le parc postal reste sur les voies en cul-de-sac au nord du buffet. Jusqu’en 1950, la desserte du centre est assurée par un service de voitures qui, en 1934, est de 54 ordinaires par jour.

Le 1er septembre 1906 la Poste de Lyon tourne une page de son histoire. Le centre de tri de Lyon-Gare entre en activité. La nouvelle organisation demande un remaniement complet des services. La Poste en profite pour imposer à ses adjudicataires l’emploi de la voiture automobile.

Mais, peu d’années après la guerre, le trafic ayant doublé en quinze ans, le centre atteint la saturation.


Évolution du centre

1939 : les facteurs et le tri local s’installent dans le nouvel Hôtel des Postes
1949 : travaux pour le déplacement du parc postal, construction de la passerelle
1950 : mise à la disposition des P.T.T. des nouvelles structures
1957 : mécanisation - installation de tapis transporteurs, glissières hélicoïdales, etc.
1969 : ouverture d’une plate-forme à Bron pour le traitement des sacs en transit
1978 : ouverture du centre de tri de Montrochet. Le traitement du courrier international et le transbordement des sacs en gare restent l’apanage de Lyon-Gare
1984 : le T.G.V. postal entre en gare
1993 : l’ouverture du centre de tri de Saint-Priest entraîne la fermeture définitive de Lyon-Gare.


Évolution du bureau de poste

Ouvert en février 1908, il fonctionne les premières années sans cachet spécifique, sauf pour les recommandés, puis sous les noms successifs de Rue Gilibert et Lyon-Annexe II.
Malgré son titre de guichet annexe, il a une activité équivalente à celle du bureau de la Croix-Rousse. En 1956, ses versements journaliers, de l’ordre de trois millions, posent un problème de sécurité, qui est loin d’être assurée dans cette rue isolée.
Lors de la conception du marché-gare, il avait été prévu un bâtiment administratif comprenant divers services publics, police, poste, banques. Ainsi, le 2 mai 1961, le discret bureau de Lyon-Annexe II ouvre ses guichets 20, rue Casimir-Périer à l’entrée du marché et devient, le 1er avril 1962, un bureau de plein exercice sous le nom de Lyon-Presqu’île.


À paraître

Yvette MIENCE, Histoire des postes du Rhône, T. II : Lyon 1789-1939, Lyon, René Georges.

Yvette MIENCE, Histoire des postes du Rhône, T. III : Les communes du département sauf Lyon. La poste aux chevaux, la poste aux lettres, le télégraphe Chappe, Lyon, René Georges.