Musée Gadagne : aménagement de l’entrée sur la place du Petit Collège en 1512 et ouverture de la rue Gadagne en 1650


Dans le cadre de la rénovation du musée Gadagne, une étude archéologique du bâti a été entreprise. Une campagne de sondages, menée dès 1997, révéla l’existence de peintures murales dans certaines pièces et souleva de nombreuses questions sur l’évolution de ce bâtiment et son implantation dans la trame urbaine environnante. Parallèlement à ces sondages, une étude d’archives a été entreprise afin de mettre en relation textes et découvertes archéologiques. Les registres fiscaux de la ville ont fourni les noms des propriétaires des différentes maisons qui précédèrent l’hôtel Gadagne (série CC). Mais, c’est en consultant les fonds de la voirie urbaine (séries BB et DD principalement) que l’on a pu retrouver les phases de construction de divers corps de logis et les étapes successives de l’évolution de la trame urbaine.

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Les textes choisis concernent d’une part la façade sud du musée, ouverte sur la place du Petit Collège, d’autre part sa façade orientale qui donne sur la rue Gadagne.

Montée du Garillan/Place du Petit Collège

À l’extrême fin du XVe siècle, les parcelles sur lesquelles l’hôtel Gadagne sera édifié furent acquises par la famille Pierrevive. En 1502, le propriétaire de la maison mitoyenne, au sud, décidait d’ouvrir un passage au travers de son jardin : la montée du Garillan. Les Pierrevive firent alors l’acquisition d’une portion de ce jardin et y édifièrent un mur de clôture. En 1511, ils entreprirent de construire un bâtiment sur ce mur (" ...le bastiment que fait André de Pierrevive au derrier de sa maison... ").
Or, l’ouverture de la rue avait été autorisée par le consulat de la ville, à condition qu’André de Pierrevive recule son mur de clôture, qui empiétait sur la voie publique (" ...la permission de ladicte rue fut octroyée... entre autres choses... ledict Pierrevive accourda et promist retirer certainemur de sa court avancé sur ladicte rue... "). En dépit de cet accord et de rappels à l’ordre successifs, il semble bien que les choses en demeurèrent là et que le mur limitrophe méridional de la propriété Pierrevive, puis Gadagne, fut définitivement implanté à cet endroit. Y compris, sans doute, la Grande Porte que les Pierrevive construisirent dès 1513 et qui correspond sûrement à la porte principale du musée, ouverte sur la place du Petit Collège (BB 30 f° 126 v°).

Ouverture de la rue Gadagne

Les Gadagne vendirent leur hôtel en 1582. Plusieurs propriétaires se succédèrent parmi lesquels Philippe de Balmes qui en possédait une partie en 1648.
Au milieu du XVIIe siècle, le consulat décida de résorber l’engorgement du quartier du Change en doublant l’axe nord-sud de la rue Saint-Jean par un prolongement de la rue du Boeuf. Il fallait pour cela percer une portion de rue au travers des maisons de Philippe de Balmes et de son voisin le président de Sève. Cette opération entraîna la reconstruction du mur oriental de Gadagne, qui devint un mur de façade sur rue.
Au fil du texte, on peut lire les prescriptions données par le consulat, concernant la largeur de la rue (onze et neuf pieds) et les aménagements à mettre en oeuvre aux angles de l’hôtel Gadagne : " ... les deux coins et enchans de la muraille qu’il fera rebâtir... seront faits en demi-rond de 10 pieds de hauteur... ". Ces prescriptions ont bien été respectées puisqu’elles sont encore visibles de nos jours.