Datation et identification d’un plan

Plan non classé et non coté des Archives municipales de Lyon.
Dessin, encre sur papier, représentant rues et îlots d’un quartier, avec indications sommaires d’édifices en géométral : églises et chapelles ou en élévation rabattue : portes et murailles de la ville.

Les deux faces de ce document n’offrent ni titre ni date, mais sur le plan diverses indications : noms de rues et places, d’églises ou de communautés religieuses, telles que " Place des terreaux ", " Clos de la maison de Ville ", " jardin des Dames de Saint-Pierre ", situent immédiatement le quartier dans la ville, tandis que les églises des Feuillants, des Carmes et de Saint-Pierre le délimitent au nord et au sud. Il est également facile de voir que le plan s’étend jusqu’au Rhône à l’est, mais n’atteint pas la Saône à l’ouest.

Antérieur à la construction du palais des Dames de Saint-Pierre sur la place des Terreaux et postérieur à la décision d’y édifier l’Hôtel de Ville, ce plan peut être immédiatement daté du milieu du XVIIe siècle.

D’autres annotations concourent à en préciser la date.

1 - " Rue neuve faite depuis peu " (rue Sainte-Marie des Terreaux). Cette rue fut ouverte suite à la décision consulaire du 15 janvier 1641 et achevée avec la cession, par les Capucins, de la place étant au devant de leur portail, en 1647.

2 - A l’est du plan, derrière le clos de l’Hôtel de Ville, deux propriétaires " Durand et Gueston " se partagent l’îlot qui lui fait suite. Laurent Durand avait succédé à Antoine de Lestang dans la possession de cette parcelle en 1649.

3 - " Jardin des Dames de Saint-Pierre ", les travaux de construction du palais dans leur jardin bordant la place des Terreaux sont consécutifs au marché passé par les Dames à Jacques Maréchal le 3 février 1659.

En deuxième approximation, le plan est postérieur à 1649 et antérieur à 1659.

Sur l’îlot bordant à l’ouest la place des Terreaux se remarque l’inscription suivante " maisons plus proches et ayant plus de vue sur le jardin des Dames que l’hôtel de ville lesquelles sont bâties depuis la transaction d’il y a plus de soixante ans sans aucune contradiction de la part desdites Dames ". Il apparaît ainsi que ce plan est relatif au différend entre les Dames de Saint-Pierre et le Consulat quant aux vues qu’aurait le nouvel Hôtel de Ville sur le clos des Dames, à quoi le Consulat répliquait que les maisons construites sur l’îlot à l’ouest de la place en avaient autant et même plus depuis la démolition des remparts de la Lanterne (en pointillés sur le plan) un siècle plus tôt que les Dames s’en soient autrement avisées.

Ce différend se termina à l’amiable le 15 mars 1655 moyennant une indemnité de 24 000 livres, versées par la Ville aux dites Dames pour être employées à la construction de leur palais sur la place des Terreaux à l’emplacement de leur jardin.
En définitive ce plan postérieur à 1649 et produit par le Consulat pour sa défense dans un litige terminé en 1655 aurait été dessiné entre ces deux dates.