Les bâtiments sinistrés de l’ancienne faculté de médecine et de pharmacie de Lyon


Les locaux de la bibliothèque universitaire Lyon 2-Lyon 3 situés 17, quai Claude Bernard dans le 7ème arrondissement, à Lyon, ont été détruits par un incendie le 11 juin 1999. Le clos, le couvert et la structure doivent être remis en état par la ville de Lyon, propriétaire de l’immeuble, et l’intérieur aménagé pour répondre aux nouveaux besoins de l’Université. Ces bâtiments d’ordonnance classique, situés au coeur de la ville, au bord du Rhône, sont parfaitement identifiés par les Lyonnais et considérés comme un élément majeur du patrimoine local. Bien que non classés Monuments historiques, leur caractère remarquable et la présence d’un bâtiment classé dans le périmètre d’intervention, l’Hôtel-Dieu, rendent obligatoire une restauration restituant l’état originel.
Pour cela, la consultation de différents fonds des Archives municipales, a permis une approche des données relatives à la construction des bâtiments à la fin du XIXe siècle. On y trouve aussi des documents graphiques, photographiques, de détails de distribution et de décoration. Le dossier iconographique contenant plans et vues anciennes et actuelles apporte des informations essentielles à la compréhension des bâtiments. Ces documents sont indispensables à la connaissance des états historiques du secteur sinistré.

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La ville de Lyon envisagea de construire une faculté de médecine en 1871 sur le quai de la Vitriolerie (futur quai Claude Bernard).
Entre 1873 et 1876, plusieurs projets furent dressés par Abraham Hirsch, architecte en chef de la Ville, et les plans définitifs adoptés en avril 1876. Les bâtiments se divisaient en cinq zones. L’École supérieure de pharmacie s’adjoignit à cet ensemble. La bibliothèque universitaire s’installa au premier étage de la partie centrale (section E, partie concernée par l’incendie). Les travaux eurent lieu de 1876 à 1888.
En octobre 1880, on décida que la bibliothèque occuperait les quatre pièces centrales.
En 1882, le sculpteur Edouard Clausses avait conçu les modèles des sculptures des façades centrales, du grand escalier, du grand amphithéâtre et de la salle de lecture, mais ce fut le sculpteur Bonioli qui les exécuta à partir de 1885. En 1883, on commanda à Francisque Gonaz les peintures décoratives pour les huit panneaux et les voussures de la salle de lecture et en 1887, à Henri Campagnet, les quatre sculptures " destiné[e]s à compléter l’ordonnance de l’attique couronnant la façade principale du bâtiment central ".
En 1891, Hirsch fut chargé de construire la Faculté de droit et des lettres, dans le prolongement de celle de médecine. Le ministre de l’Instruction publique décida alors que la bibliothèque rejoindrait celle de la Faculté de médecine et des sciences. On annexa les trois salles situées au premier étage de l’aile nord et on aménagea les combles en dépôts pour les livres. En 1893, Hirsch dressa les plans et devis pour " l’installation de tous les services de la bibliothèque universitaire " dans sept salles, décorées entre 1883 et 1888. En 1896, le sculpteur Labranche restaura la salle des professeurs et la salle de lecture. L’installation de la bibliothèque semble avoir été achevée en 1897.
Au XXe siècle, l’un des soucis des architectes en charge des bâtiments fut le stockage des livres : Etienne Curny (1907), Paul Bellemain (1936-1939), lors du déménagement de la Faculté de médecine pour laisser la place à la Faculté des lettres, puis Dirant (1954-1957), Jacques Perrin-Fayolle en 1956, enfin Marcel et Pierre Salagnac (1972-1977) qui adjoignirent à la bibliothèque l’aile sud et réadaptèrent les anciens locaux.
Ces chantiers successifs transformèrent l’ancienne bibliothèque pour l’adapter aux impératifs modernes. Mais à la veille de l’incendie, l’état des bâtiments et le fonctionnement de la bibliothèque ne répondaient plus aux nécessités actuelles de sécurité et d’utilisation, d’où le projet du transfert de la bibliothèque interuniversitaire sur un nouveau site.
Pour reconstruire les bâtiments il faudra tenir compte de l’histoire des lieux pour en conserver la mémoire et le prestige.