Archives d’architectes

Au cours des siècles, l’administration municipale lyonnaise a accumulé les dossiers sur sa propre action. Ils sont stratifiés dans nos archives. Les fonds qui concernent l’architecture, l’urbanisme et plus largement l’ensemble du bâti constituent environ 40 % des ressources offertes par les Archives municipales (séries DD, O, et M). Mais leur importance n’est pas seulement une question de volume : en effet, l’histoire de la ville se confond en bonne part avec celle de ses édifices, ponts, voies et réseaux. Par la grâce de donateurs, ou en dépôt temporaire, des fonds privés sont venus compléter ce bel ensemble.

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Des architectes des XIXe et XXe siècles ont pris place à côté de leur célèbre aîné, Jean Antoine Morand. Cet important fonds privé (14 II), d’un des premiers urbanistes français, déposé aux Archives en 1994, a commencé d’être exploité mais il est si riche qu’il permettrait d’autres travaux. Chronologiquement, il faut signaler ensuite le fonds de Gaspard André (1840-1896), le 33 II. Ces deux fonds sont rendus accessibles par des catalogue ou des inventaires.

Parmi les fonds du XXe siècle on recontre des ensembles relatifs à une activité spécifique :
- le fonds d’Emmanuel Cateland, président de la Société académique d’architecture (26 II), déposé en 1988, est de dimension modeste mais important ;
- celui de François-Régis Cottin (64 II), qui a occupé la même fonction et s’est consacré à la restitution érudite du parcellaire lyonnais ;
- les dossiers de Jean-Gabriel Mortamet (9 S), inspecteur général des monuments historiques, pour certains secteurs de Lyon (Grand théâtre, secteur sauvegardé) ;
- le fonds de Jean-Marc Grange (22 II) pour l’histoire de la construction lyonnaise de 1952 à 1978.

Une autre catégorie correspond à des fonds d’agence :
- le fonds (73 II) de François Rostagnat (1848-1925), André Rostagnat (1899-1980) et Paul Rostagnat (1925-) rassemble les réalisations d’une agence familiale : hôtels particuliers, bâtiments administratifs, chapelles et tombeaux ;
- la partie lyonnaise du fonds de Marcel et René Salagnac (64 II), donnée aux Archives, est importante (20 ml) : pavillons d’Édouard Herriot, UER Alexis Carrel, bâtiment de la foire internationale, Palais des Congrès, Rectorat ;
- le fonds Charles Delfante (8 S et 111 II), arrivé en 1992 et 2000, comporte deux parties de provenance distincte : les travaux et études produits par le cabinet d’urbanisme Delfante, et surtout l’oeuvre de Charles Delfante à l'atelier d'urbanisme de la ville de Lyon et celui de la communauté urbaine de Lyon (1961-1978).
Il contient 7679 plans, 43 atlas (formant environ 850 plans), une vingtaine de dossiers et une dizaine d’albums photographiques. Il n’est pas encore classé.
Ce fonds restitue l’oeuvre lyonnaise, très marquante pour la ville, mais aussi le rayonnement en France et à l’étranger, d’un architecte et urbaniste éminent dans sa profession et son époque, urbaniste conseil de Nîmes, Firminy et Lyon.
" L’opération Part-Dieu ", constitua l’essentiel de l'activité de l'Atelier. Elle commença par la réutilisation de quelque vingt-deux hectares libérés progressivement par la désaffectation d'une caserne militaire et aboutit au projet de restructuration urbaine par une liaison avec l'opération Martinière-Tolozan et celle de la ZAC Saxe-Paul Bert. Cinq documents ont semblé particulièrement représentatifs :
- deux photographies de la Part-Dieu en 1965 au départ du projet,
- le plan d’épannelage de 1965 et le projet des liaisons du nouveau centre décisionnel à la ville,
- deux textes de l’architecte : le premier expose l’idée directrice du projet. Six ans plus tard, " Pavane pour une idée défunte " constate amèrement l’évolution subie par l’idée de départ.

Conçu à l’origine comme une zone résidentielle, le secteur de la Part-Dieu évolue sous la pression de l’État, vers ce centre régional de décision, le premier en France, que réclamait la vocation de métropole d'équilibre reconnue à l'agglomération lyonnaise. Mais la multiplicité des acteurs, la complexité des décisions et des intérêts firent de cette réalisation, comme le dit Pascale Collet dans son étude sur la Part-Dieu, " un vrai cas d’école ".


Bilbliographie

Henri HOURS et Michel NICOLAS, Jean Antoine Morand, architecte lyonnais (1727-1794), Lyon, 1985, 52 p.

Pascale COLLET, " Lyon-La Part-Dieu, premier Centre Régional de Décision : genèse d'une restructuration urbaine ", Travaux de l'institut d'histoire de l'art de Lyon, cahier n° 11, 1988, pp. 145-156.

Isabelle GUEDEL, L’Agence Rostagnat : 1882-1990, catalogue d’exposition des Archives municipales de Lyon, 22 octobre-12 décembre 1993, Lyon, Archives municipales, 1993, 51 p.

Jeanne-Marie DUREAU, Inventaire provisoire des papiers Morand de Jouffrey (14 II, II 254, II 255), tome 1er, Lyon, Archives municipales, 1994, 165 p.

Gérard BRUYERE et Noëlle CHIRON, Gaspard André, 1840-1896, architecte lyonnais : catalogue raisonné du fonds G. André (sous-série 33 II), suivi de Sources complémentaires, avec la collaboration de Gilbert RICHAUD, avant-propos de Jeanne-Marie DUREAU, Lyon, Archives municipales, 1996, 228 p., (coll. Bibliothèque des inventaires, 2).

Gérard BRUYERE, " Les hommes du plan à Lyon ", dans Forma urbis : les plans généraux de Lyon du XVIe au XXe siècle, catalogue d’exposition des Archives municipales de Lyon, sous la direction de Jeanne-Marie DUREAU, Lyon, Archives municipales, 1997, pp. 213-246, (coll. Les dossiers des Archives municipales, 10).