De la colonie scolaire à l’Espace Enfance


À la pointe nord du département de l’Isère, sur le plateau calcaire de l’isle Crémieu, dominant le Rhône à une cinquantaine de kilomètres de Lyon, le domaine du Serverin, en cette fin du XIXe siècle, s’apprête à vivre les dernières années d’une vocation agricole bien établie.

À cette époque, le domaine appartient à la famille Tabard. La propriété se compose d’une maison de maître entourée de bâtiments agricoles et viticoles. On y ajoute par la suite un bâtiment destiné à la fabrication de traverses de chemin de fer et une magnanerie. Les cultures couvrent plus de cent hectares.

En 1878, la famille Tabard vend la totalité du domaine pour s’installer au Maroc.

C’est un banquier suisse, Monsieur Fish qui rachète alors la propriété et qui en confie la gestion à la famille Thomann.

En 1895, Monsieur Fish prête la propriété à la ville de Lyon à des fins éducatives. Les documents d’archives permettent, à partir de cette date, de reconstituer les principales étapes de cette nouvelle vocation.

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Le 9 juillet 1895, le docteur Gailleton, maire de Lyon, fait voter une délibération qui met à la disposition de l’administration les crédits nécessaires au fonctionnement de la " colonie scolaire du Serverin ".

Cent vingt enfants sont accueillis au cours de l’été, beaucoup d’autres suivront en 1896 et 1897.

Devant ce succès, Abraham Hirsch, architecte en chef de la Ville, adresse un rapport en date du 18 janvier 1897 au maire de Lyon dans lequel il propose de porter à cent cinquante places par séjour la capacité d’accueil du Serverin en veillant à joindre à cet agrandissement tout le confort nécessaire : cabinets d’aisances, salle de douches, lavabos.

L’eau courante sera installée grâce à un moulin à vent actionnant une pompe aspirante et refoulante, placée, comme on peut le lire dans ce rapport, " dans l’endroit le plus convenable au point de vue de la circulation des courants aériens et contribuant également à la décoration de l’ensemble tout en donnant de la vie et de la gaieté à la propriété ".

Ce rapport renseigne utilement sur la conception du projet éducatif initial réservé au Serverin tel que l’a souhaité l’exécutif municipal du docteur Gailleton.

Ce projet, qui donne au bâtiment la structure générale qu’il présente encore aujourd’hui, est adopté par le conseil municipal le 6 avril 1897 et approuvé en préfecture le 3 mai suivant. Le Serverin voit ainsi se sceller un nouveau destin.

La ville de Lyon achète en 1930 une partie des bâtiments et devient, en 1938, propriétaire de l’ensemble immobilier et des quatre cents hectares de terrains attenants.

La démarche initiée en 1895 s’est renforcée au cours du XXe siècle en s’ouvrant à des missions sociales et éducatives toujours plus affirmées.

De la colonie scolaire à l’Espace Enfance, le Serverin, en élargissant son champ d’investigation sociale, a su s’adapter à l’évolution des besoins des quelques milliers de jeunes lyonnais qui y ont vécu et qui y séjourneront encore.

Sources

- Sur l’histoire du bâtiment :
dossiers des bâtiments communaux (série M) et notamment :
. rapport d’Abraham Hirsch au maire de Lyon, 18 janvier 1897, 454 Wp 46 ;
. Colonie scolaire au Serverin (Isère), état des lieux et projet, 18 janvier 1897 ; projet modifié, 15 mars 1897, dressés par Abraham Hirsch, architecte en chef de la ville, 1613 Wp 21.

- Sur l’histoire de l’institution :
. registres des délibérations du conseil municipal de la ville de Lyon (microfilms).