La construction des habitations à bon marché de la ville de Lyon

La problématique de la recherche sur les logements sociaux ou populaires construits par la ville de Lyon durant l’entre-deux-guerres relève d’un besoin d’éléments forts de nature sociologique, économique, technique et architecturale. Les réalisations de la ville de Lyon, du fait d’une époque, mais aussi de la personnalité du maire Édouard Herriot, affichent de très fortes singularités. Vu l’ampleur des investigations, la recherche sera limitée à deux opérations très atypiques : la cité jardin de Gerland-La Mouche et le groupe États-Unis.

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Le contexte

Monsieur Herriot, homme autoritaire à la personnalité très prononcée, était emprunt d’un " municipalisme " exacerbé. Ainsi, ce précurseur de la décentralisation du pouvoir étatique vers les collectivités locales avait violemment combattu la création de la société d’habitations à bon marché (HBM) et des offices publics d’HBM municipaux et départementaux. Il avait décidé de construire pour la ville ses propres habitations sociales, s’opposant ainsi au ministre du Logement de l’époque, Monsieur Léon Bourgeois. L’État refusant d’aider la construction des groupes de logements sociaux, Monsieur Herriot lança lui-même les programmes de réalisation de six groupes d’habitations populaires : d’abord la cité jardin de Gerland-La Mouche composée de cinq cent cinquante logements et d’une douzaine de commerces. Puis très vite, sous la pression de la demande de la cité en logements, trois magnifiques petits bâtiments dans le quartier des États-Unis. Enfin les groupes Lavoisier, Bossuet, Ravat et Dauphiné, tout aussi riches et atypiques que les précédents en matière de typologie ou de composition architecturale. Finalement, en 1924, un compromis fut trouvé entre l’État et le maire de Lyon, lequel fut autorisé par le ministre du Logement à construire ses propres groupes à la condition expresse qu’ils soient ensuite gérés par l’office communal d’HBM.


Une recherche articulée selon trois besoins spécifiques

Un besoin fonctionnel : la première recherche relève du besoin, pour la réhabilitation de ces groupes, de connaître à la fois leurs éléments morphologiques et typologiques de construction et les caractéristiques sociologiques et politiques qui, à l’époque, ont accompagné ces réalisations.

La curiosité personnelle du chercheur pour ce secteur de l’aménagement et de la construction a entraîné des recherches sur cette volonté municipale inédite à l’époque, qui inspira un autre maire de la région.

Le dernier motif de cette recherche est la publication, fin 2000 ou début 2001, en collaboration avec K. Pawlowski et le conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement du Rhône, d’un ouvrage traitant de l’histoire du logement social ou populaire dans le Lyonnais et intégrant le thème du logement construit et réhabilité par la ville de Lyon.


La méthode de la recherche

Cette recherche s’est d’abord orientée vers les aspects techniques et économiques du secteur afin de mieux cibler la typologie et la morphologie patrimoniale des groupes concernés, éléments essentiels de l’étude de programmation des opérations de réhabilitation. Ces études préalables s’avéraient indispensables au vu de l’importance et du coût des opérations. L’étude de plans très précis et dotés d’un graphisme de grande valeur que nous serions actuellement bien en peine d’imiter et l’analyse de descriptifs de travaux permirent de communiquer aux acteurs de la réhabilitation des informations sur les matériaux employés.


La finalité et les résultats de la recherche

La découverte de nombreux éléments de nature technique, économique, architecturale et typologique a considérablement servi l’étude et l’approche sociologique des locataires et beaucoup apporté aux rédacteurs de l’ouvrage sur l’histoire du logement populaire lyonnais. Par ailleurs, l’intérêt porté par certains occupants à l’histoire de leur cité a donné une autre dimension à cette opération et favorisé les relations entre les locataires qui avaient accepté de contribuer à diverses expositions dans les bureaux d’informations.



Bibliographie

Christian LEGRAND, La réhabilitation du patrimoine locatif social depuis l’expérience lyonnaise, Lyon, Éditions aux Arts, 1996, 235 p.

Christian LEGRAND, Un logement social durable accessible à tous ? Produit de qualité et maintenance préventive, mémoire de DESS " Aménagement et urbanisme ", sous la direction de Gilles NOVARINA, Grenoble 2, université Pierre Mendès-France, Institut d’urbanisme de Grenoble, 148 p.