La poste florentine

La longue marche des Florentins

Au XVe siècle, en Italie du Nord, les rivalités politiques poussent sur le chemin de l’exil une partie de l’élite de la société. Les Florentins, dont le commerce principal est la banque, se dirigent vers Genève où se tiennent des foires.
En 1464, les foires créées par Louis XI les attirent à Lyon. Ils s’installent dans le quartier allant du Change au cloître Saint-Jean. C’est une réussite. Désormais et pendant un siècle, Lyon va vivre à l’heure de Florence.

Le service postal

Leurs familles et leurs biens restés au pays, le commerce de la banque, incitent les Florentins à établir des courriers réguliers entre Lyon et leur mère patrie. Ce service sera bientôt complété par des " ordinaires " à destination de Rome et de Venise. En 1518, les portes de la ville s’ouvrent la nuit pour le passage des courriers de Sa Majesté très catholique allant de Flandre en Espagne ou d’Espagne en Italie. La place de la Baleine est le carrefour de l’Europe.
Avides d’honneurs et d’argent, les Florentins se fixent pour objectif l’exclusivité du transport du courrier. En 1548, ils obtiennent du roi des lettres patentes purement honorifiques. Ces lettres seront confirmées à plusieurs reprises mais à chaque fois le champ des privilèges s’étendra, si bien qu’en 1591, lors de la nomination d’Orlandin Orlandini, ils ont l’exclusivité du transport de tout le courrier tant français qu’étranger qui part ou arrive à Lyon.

Vers la fin d’une époque

En 1595, la nomination de Fouquet de la Varanne au poste de contrôleur général des Postes sonne le glas de la poste florentine.
Lorsque Fouquet réclame la gestion et les bénéfices des courriers partant de Lyon, Orlandin Orlandini, maître des courriers, fort des lettres patentes fraîchement renouvelées, lui intente un procès. Il se termine par un arrêt du Conseil d’État donné à Grenoble le 25 septembre 1600 : les Florentins étaient maintenus... mais aux conditions de 1548, et il était enjoint à tous, y compris à Orlandini, de centraliser le courrier entre les mains de Fouquet de la Varanne ou de son commis, lesquels devaient assurer un départ pour Rome et Venise les premier et 15 de chaque mois. Orlandini devint le commis de Fouquet de la Varanne et de ce fait, fut le premier " receveur " de l’administration des Postes à Lyon.

La poste florentine avait vécu, pendant un siècle, elle avait fait rayonner le nom de Lyon sur tous les grands chemins de l’Europe, la poste royale prenait la relève pour un avenir qui s’avéra tout aussi prestigieux.


Bibliographie

Yvette MIENCE, Histoire des postes du Rhône, T. I : Lyon, Ancien Régime, Lyon, Jacques André, 1997, 486 p.

Yvette MIENCE, " Le courrier privé Lyon-Paris au XVIe siècle ", Relais : revue des amis du musée de la Poste, 1999, n° 66, pp. 5-10.

À paraître

Yvette MIENCE, Histoire des postes du Rhône, T. III : Les communes du département sauf Lyon. La poste aux chevaux, la poste aux lettres, le télégraphe Chappe, Lyon, René Georges, (4ème trimestre 2001).