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Le fonds du sculpteur lyonnais Jean-Baptiste Cony |
Le Pré-inventaire des monuments et richesses artistiques du département du Rhône a pour objet de dresser une description sommaire, mais aussi complète que possible, du patrimoine artistique, historique, et ethnographique de chaque commune du département. À loccasion des investigations menées par le Pré-inventaire, la recherche de sources dans les services darchives permet de conforter le travail de repérage et danalyse.Le fonds Cony (II 63), donné aux Archives municipales de Lyon en 1977, présente ainsi un grand intérêt pour le Pré-inventaire des communes du Rhône : il permet de repérer et de dater précisément dans les églises les oeuvres que Jean-Baptiste Cony, sculpteur lyonnais du XIXe siècle, a réalisées et rarement signées. Dans le cadre de la nouvelle liturgie de Vatican II, ce mobilier, non protégé au titre des Monuments historiques, a souvent été supprimé ou transformé, et les dessins conservés aux Archives municipales de Lyon sont un précieux témoignage de leur existence.
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Jean-Baptiste Cony est un sculpteur lyonnais né à Panissière, dans la Loire, le 28 août 1828 et décédé à Lyon le 5 juin 1873.
Les descendants de ses héritiers ont donné en 1977 aux Archives municipales de Lyon le fonds de cet artiste. Peu volumineux, il comprend quatre types de documents :
- un album dexercice de dessins techniques au nom de Joseph (et non Jean-Baptiste) " élève des frères des écoles chrétiennes " ; de nombreux dessins au crayon ou plus rarement à la plume réalisés dans les années 1850, quand il était étudiant, essentiellement daprès lantique et sans doute à partir de lithographies, mais aussi beaucoup daprès les oeuvres de Fabisch, le sculpteur lyonnais bien connu, dont il semble sêtre largement inspiré.
- un lot de petites lithographies religieuses et dimages pieuses, apportant un choix diconographies, notamment en ce qui concerne les saints peu connus.
- deux grandes chemises contenant de nombreux projets et dessins préparatoires, plus ou moins élaborés, de mobilier déglise, quelquefois signés, assez souvent datés, très rarement localisés.
- enfin, un registre rigoureux des comptes de ses travaux (année, dépenses diverses, pertes, bénéfices) avec en tête un " répertoire des travaux placés chaque année " donnant le détail de la commune, et du type de commande.Si lensemble de ces documents napporte aucun renseignement sur la vie de lartiste, assez mal connue, hormis ses dates de naissance et de décès, en revanche il donne une idée précise de sa production et de son style. Son oeuvre sétend des années 1852/53 à 1871, et totalise, daprès le registre, 341 commandes, ce qui est assez considérable, lannée 1869, avec 31 réalisations, ayant été la plus chargée. Cony apparaît comme un sculpteur presque exclusivement religieux : beaucoup dautels, de retables, de fonts baptismaux, quelques statues, chaires, tables de communion, bénitiers, stalles et boiseries, peu de croix monumentales de cimetière ou de mission. Les commandes privées ne concernent que des tombeaux de famille. Son champ dactivité est assez vaste : Lyon (notamment léglise Saint-Georges dont il a réalisé une grande partie du décor sculpté), beaucoup déglises du Rhône (de Tarare à Saint-Bonnet de Mure et de Givors à Saint-Vincent-de-Rhins), et de la Loire, quelques oeuvres dans lAin et lIsère, mais encore à Clermont[-Ferrand], à Moulins et à Besançon. Le style, sans grande originalité, est le plus souvent néo-gothique, ou néo-roman, dans lesprit des années 1860. Le goût pour lantiquité, si présent dans ses dessins de jeunesse, ne semble pas au bout du compte lavoir particulièrement marqué, pas plus que ne semblent lui avoir notablement servi les modèles iconographiques quil avait collectionnés ; en effet, sur les devants dautels se répètent, sans beaucoup de variété, les bas-reliefs représentant lAnnonciation, la Sainte-Famille, le Couronnement de la Vierge, la mort de Joseph, ou les pèlerins dEmmaüs.