Logo pour impression Lavoir du parc du Vallon

Lavoir du parc du Vallon

Adresse : 23 Bd de la Duchère 69009

Opération : diagnostic d'archéologie préventive

Dates de l'opération : 9-13 janvier et 30 janvier-3 février 2012

Opérateur : Service archéologique de la Ville de Lyon

Aménageur : SERL


L’intervention archéologique au lavoir de La Duchère (23, Bd de la Duchère 69009 Lyon) a été suscitée par le Grand Projet de Ville de réhabilitation du quartier de La Duchère dont l’aménagement du Parc du Vallon constitue l’un des objectifs.

Actuellement, le lavoir, à sec, est constitué de deux grands bassins maçonnés orientés nord-est / sud-ouest, séparés par un mur de refend. Le bassin le plus méridional reçoit les pierres des lavandières. Il est bordé sur son flanc occidental par un espace de travail autrefois couvert, pourvu d’une cheminée. On y accède par un escalier d’une seule volée constitué de 11 marches en calcaire à gryphées. Il était alimenté par une conduite forcée captée sur le ruisseau des Gorges coulant du nord au sud, à l’ouest de l’ensemble bâti. L’intégralité des structures maçonnées a été topographiée afin de proposer un plan fidèle avant réhabilitation des lieux.

Un sondage archéologique (sondage 1) était initialement prévu dans le bassin septentrional, bâti dans l’alignement du bassin des lavandières qui y déversait son trop-plein d’eau au travers d’un mur de refend légèrement empâté à sa base et concave du côté du second bassin. Après décapage à la pelle mécanique des remblais d’époque contemporaine, ont été mis au jour des niveaux de décantation témoignant du fonctionnement de ce bassin. Ils reposaient directement sur le terrain naturel, formé d’un socle rocheux de gneiss. Aucun fond maçonné n’a été remarqué et aucun artefact n’a permis de préciser la période d’utilisation de ce bassin. Le terrain naturel affleure selon un pendage d’ouest en est entre 20 et 50 cm sous le niveau actuel.

Un second sondage a été réalisé dans l’espace amont du lavoir, soit au point d’arrivée d’eau à l’arrière de son mur méridional. Outre le revers du déversoir ménagé dans ce dernier, ont été mises au jour plusieurs maçonneries antérieures à l’état visible du lavoir. L’une a particulièrement retenu notre attention. Il s’agit d’un massif de mortier de chaux grossier, chargé de petits galets, très épais et large de 0,68 m. Sa facture s’apparente à un béton hydraulique, sans toutefois qu’il contienne du tuileau. Sa surface est plane et lissée, sans trace d’arrachement ou de dérasement. Un petit bourrelet bordier est perceptible sur sa marge méridionale. Il évoque le fond d’une cunette ou d’une canalisation. A la base du massif, enchâssé dans la masse, un fragment de tegula a été prélevé, seul élément de datation objectif pour cette structure, ce qui est faible. Néanmoins, nous proposons d’y voir les vestiges d’un aménagement appartenant à un état antérieur du lavoir, ou bien à un système hydraulique ayant initialement une autre vocation que celle de la lessive : tronçon secondaire d’aqueduc antique, alimentation d’une citerne, canal d’irrigation des coteaux et de la plaine sous-jacente ?

Contre ce massif, et parallèle à lui, au sud, a été mis au jour un mur d’orientation sud-ouest / nord-est perpendiculaire à la pente du terrain. Il est conservé sur une à deux assises dans le sondage et est constitué exclusivement de blocs de gneiss liés par un mortier de chaux jaune, ce qui évoque une datation antique. Au sud-ouest du déversoir du lavoir, ce mur opère un angle de 146° vers le nord-ouest. Il pourrait témoigner d’un système d’adduction d’eau d’un état antérieur, à moins qu’il ne s’agisse d’un simple mur de terrasse.

Le massif et le mur de facture antique sont coupés à l’est par un mur d’orientation nord-ouest / sud-est fermant le lavoir au sud. Conservé en élévation que dans sa partie nord-ouest , ce mur est antérieur à l’ensemble bâti formé du lavoir, du grand bassin de rétention et de l’espace de travail des lavandières. Le dernier état de l’équipement hydraulique vient donc s’appuyer contre ce mur primitif dont la vocation comme la datation nous échappent à l’heure actuelle.

Enfin, dans l’angle extérieur nord-ouest de l’espace de travail des lavandières, une petite pièce a été mise en évidence. Elle est connectée de plain-pied avec l’espace couvert associé aux plates, par une porte avec seuil de pierre et piédroits en pierre de taille. Sa vocation reste inconnue ; cette pièce est antérieure à l’état du lavoir connu par les plans du XIXe s. Elle appartiendrait à un premier ouvrage, peut-être celui construit sous l’ancien régime. En tous les cas, elle est postérieure au massif de mortier « antique » évoqué ci-avant.

In fine , cette opération aura permis de mettre en lumière des structures hydrauliques dont le fonctionnement unique en tant que lavoir n’est pas si évident. La chronologie relative établie par l’étude des vestiges bâtis à l’amont du lavoir fait apparaître 3 états distincts de maçonneries, impliquant des modifications structurelles et peut-être fonctionnelles se succédant potentiellement depuis l’Antiquité jusqu’à la période contemporaine. On notera pour finir la présence fortuite d’imposants massifs de mortier à l’arrière des murs du bassin de rétention dont la signification nous échappe.

L’indigence du mobilier archéologique et de la documentation écrite n’autorisent que ces quelques fragiles constats, qui mettent une fois de plus en lumière l’intensité de l’anthropisation des cours d’eau à Vaise.