Logo pour impression Rue Joannès Carret, rue des Docks, quai Sédaillan

Rue Joannès Carret, rue des Docks, quai Sédaillan

Adresse : 19-21-23 et 52 rue Joannès Carret, 80 rue des Docks, 46 quai Paul-Sédaillan

Période(s) : Préhistorique, Protohistorique, Antique, Moderne, Contemporaine

Opération : diagnostic d'archéologie préventive

Dates de l'opération : décembre 2014 - janvier 2015

Opérateur : Service archéologique de la Ville de Lyon

Aménageur : SERL


Les vingt et un sondages ouverts dans l’emprise des îlots 2, 3 et 5 (a-c) de la ZAC Vaise Industrie Nord présentent un bilan archéologique assez riche, montrant une densité semblable aux investigations archéologiques précédemment réalisées au sud (26-28 rue Joannès-Carret, 50-53 quai Paul Sédallian, 35 rue Auguste Isaac), à l’ouest (59 rue des docks). En effet, quinze des vingt-et-un sondages excavés dans le cadre de ce diagnostic ont livré des structures et/ou du mobilier archéologique.

Géomorphologie

D’un point de vue géomorphologique, l’opération a permis de caractériser trois secteurs distincts. Une bande d’environ 150 m de largeur située le long de la Saône subit l’influence du cours d’eau et de ses crues (partie est de l’îlot no3, sondages nos6-7 et 20-21). Dans la partie ouest (partie est de l’îlot no3, îlots nos2 et 5), le rôle de la rivière est atténué et les processus liés au versant du plateau de la Duchère sont plus prégnants. Comme le montrent les différentes coupes réalisées dans chacun des sondages, ces faciès ont néanmoins pu subir des variations locales. Elles résultent de la combinaison d’une pédogénèse ponctuellement différenciée et de micro variations du relief. Un talweg, datable des périodes protohistorique et/ou antique, a, par exemple, été identifié dans le sondage no12. Enfin, un paléochenal de la Saône a été repéré dans le sondage no9. Il s’agit peut-être de celui qui avait été repéré lors de précédentes opérations (Hofmann, 2014 : 33-35, 55 ; Nourissat, Franc, 2009 : 24). Vu la faible extension de la fenêtre d’observation, aucune précision décisive ne peut être donnée sur le tracé de ce dernier.

La fréquentation humaine de la zone prescrite couvre une vaste plage temporelle discontinue. En effet, les indices les plus anciens de cette présence humaine remontent au Néolithique moyen, et depuis, elle est sporadiquement attestée sur des périodes plus ou moins longues jusqu’à nos jours dans la zone.

Occupation néolithique

Une occupation datant du Néolithique moyen est caractérisée par l’existence d’un foyer (FY9080) dans le sondage no9 et également par la présence sporadique de mobilier céramique et/ou lithique d’aspect pré- ou protohistorique repéré dans les sondages nos4, 7, 8, 12, 15 et 18. Les découvertes réalisées pour cette période dans les environs immédiats du sondage no9 confirment l’existence d’un gisement Néolithique moyen relativement important à cet endroit. En effet, un foyer daté par radiocarbone du Néolithique moyen a été mis au jour quelques mètres au nord-est du sondage no9 (Hofmann, 2014 : 49-50, 103-110). De la céramique non tournée d’aspect pré- ou protohistorique et du mobilier lithique ont également été découverts précédemment dans le secteur (Hofmann, 2014 : 58-59 ; Carrara, 2011 : 56, 58-59, 68). La faible densité des vestiges et l’exiguïté de la fenêtre d’observation ne permettent pas, à l’heure actuelle, de cerner pleinement l’extension et la nature même de cette occupation. Néanmoins, l’écart de datation d’environ un demi-millénaire entre l’utilisation des deux foyers repérés à ce jour permet de faire l’hypothèse d’un site utilisé à de multiples reprises.


Occupation du Bronze final

Du matériel daté du Bronze final a été mis au jour dans les sondages nos4, 12 et 18. Aucune structure associée ne permet de caractériser les niveaux en question. En revanche, dans le sondage no12, une série de trous de poteau est excavée dans un de ces niveaux et date donc de la fin de l’âge du Bronze ou de l’âge du Fer. Le même type de structures fossoyées sans matériel associé a été mis au jour dans le sondage no14 du présent diagnostic (21 fosses et trous de poteau) et dans les sondages nos1 et 3 (9 trous de poteau) d’un précédent diagnostic (Hofmann, 2014 : 36-38, 56). Cette grande densité de structures réparties sur une vaste étendue prouve la présence d’un site important. Malheureusement, en l’état actuel des données à notre disposition, la nature de cette occupation protohistorique ne peut être caractérisée plus précisément.

Occupation antique

Des fragments de céramique antique attestent d’une fréquentation dans le secteur (sondage no9) dès la fin de l’époque augustéenne. Vu le matériel recueilli, cette occupation antique perdure au moins jusqu’au IIIe s. ap. J.-C. Au IIe s. ap. J.-C., les berges de Saône sont remblayées et un entrepôt (?) est construit le long de la rivière (sondages nos6, 7, 20 et 21). Plus à l’ouest, des structures agricoles (fosses, fossés, drains) attestent que cette partie de la plaine vaisoise est exploitée durant l’Antiquité. Ces deux ensembles, entrepôt et structures agricoles, s’insèrent logiquement dans la trame antique du secteur, déjà documentée le long de la Saône, avec différents niveaux repérés à quelques centaines de mètres au nord (Rimbault et al., 2001) et au sud (Frascone, 2003) de la ZAC Vaise Industrie Nord, et des villae de même époque fouillées au 26-28 rue Joannès Carret (Desbat et al., 2006) et au 25-29 rue Joannès Carret (Nourissat, Franc, 2009).


Ainsi, trois sites, Néolithique moyen, protohistorique et antique, ont-ils été mis en évidence grâce à ce diagnostic. Chacun d’eux, si incomplètement cernés qu’ils soient, apportent de nouveaux éléments à notre connaissance de l’occupation humaine de la plaine vaisoise.