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Place Ampère

Adresse: place Ampère, 69002 Lyon

Période(s) d'occupation: Antiquité

Opération : fouille

Dates de l'opération : février-mars 2014

Opérateur : Service archéologique de la Ville de Lyon

Aménageur : SYTRAL


Près de quarante ans après la découverte de deux mosaïques lors de la construction de la station de métro Ampère, l’agrandissement de cette station a offert une nouvelle occasion de sonder le quartier le plus méridional de la Presqu’île antique. Cette opération, tangente au nord de l’intervention réalisée en 1976 pour la dépose des pavements, vient compléter le plan d’une domus dont le caractère exceptionnel a été confirmé.


Au sommet des limons de débordement, à l’approche de la confluence principale des deux cours d’eau, une phase de remblaiement du terrain intégrant des lots d’amphores en remploi a accompagné la construction des fondations d’une première domus. Les pièces mises au jour appartiennent vraisemblablement à l’aile d’une demeure alignée sur la trame urbaine du sud de la Presqu’île. Le corps de bâtiment, doté de terrazzos dans toutes les pièces dégagées, doit être rattaché aux demeures prestigieuses qui occupaient le sud de la Presqu’île dans le quartier d’Ainay. Cette première construction est datée des années 40-50 apr. J.-C.

La domus est globalement remodelée, sans doute à la fin du IIe siècle. Libéré de toute accumulation de matériaux liée à la démolition, le chantier de reconstruction est mené à partir de l’arasement de la première demeure dont les terrazzos constituent le sol de travail. Les nouveaux sols réalisés en opus tessellatum compensent et corrigent dans l’épaisseur de leur statumen  l’affaissement marqué des terrazzos du Ier siècle apr. J.-C. À l’exception de quelques murs, probablement repris en élévation, la dimension et la disposition des pièces sont repensées pour donner à la nouvelle demeure un plan moins partitionné et des espaces de réception plus vastes.


La présence de mosaïques sous la place Ampère était connue depuis les années 1860. L’une des mosaïques, partiellement fouillée en 1976 et présentée dans la station de métro de Bellecour, est désormais dégagée sur la presque totalité de sa surface : trois flancs à décor de quatre-feuilles cernent un tapis central carré accueillant les bustes des saisons ; elle a malheureusement été mutilée au XIXe siècle par le passage d’un égout. Par son canevas, elle dévoile ainsi l’usage de la pièce qu’elle occupait : un triclinium de 54 m² largement ouvert sur une galerie à mosaïque monochrome. L’existence d’une cour ou d’un jardin péristyle, clairement attesté au nord de l’aile de la domus aux mosaïques (avec des indices archéologiques permettant d’imaginer un bassin) a pu reprendre une disposition déjà adoptée au Ier siècle apr. J.-C. La mosaïque dite d’Orphée a été complètement fouillée et déposée en 1976,  son médaillon octogonal semble plutôt représenter un couple du thiase (un satyre et une ménade) ; elle est conservée au musée gallo-romain de Lyon - Fourvière. Avec la mise au jour, en 2014, d’une nouvelle mosaïque plus simplement ornée de croisettes et de crustae rouges et noirs, ce sont donc quatre mosaïques mitoyennes qui sont désormais localisées place Ampère. Les trois mosaïques de la place Ampère fouillées en 2014 ont été déposées par l’Atelier interdépartemental de Restauration de Mosaïques de Saint-Romain-en-Gal (ARM).





Détails des mosaïques © SAVL





 

À une époque qu’il est difficile de définir avec précision (peut-être à partir du bas Moyen Âge), le site antique, recouvert de quelques décimètres de terre arable, est mis en culture. Plusieurs tranchées creusées en auge traversent les sols construits de la domus pour favoriser l’enracinement et le drainage des plantations et restaurer la capillarité du sous-sol. L’exploitation agricole du site est attestée jusqu’à la fin du XVIIIe siècle et la restructuration urbaine de la Presqu’île par Antoine-Michel Perrache.