Logo pour impression Clinique "Les Massues"

Clinique "Les Massues"

Vue générale du parc de la clinique des Massues
Terrasse basse, avant le diagnostic

Adresse : 86-92, rue Docteur Edmond Locard

Période(s) d'occupation: Antiquité, Moderne, Contemporain

Opération : diagnostic d'archéologie préventive

Dates de l'opération:
décembre 2015

Opérateur : Service archéologique de la Ville de Lyon


Aménageur : SCI Les Massues


L’emprise de la prescription de diagnostic correspond à une surface de 4 500 m² et se situe sur les parcelles cadastrales actuelles AX22 et 23 de la commune de Lyon, dans le 5e arrondissement. Ce diagnostic archéologique intervient dans le cadre d’un regroupement sanitaire de l’ouest lyonnais de la Croix-Rouge française sur un même site. L’analyse des douze sondages effectués sur l’ensemble de la zone prescrite a permis de définir deux zones distinctes :

- Une terrasse « basse » au nord et en contre-bas de la butte centrale actuelle, négative, qui, à l’exception peut-être de drains modernes/contemporains, n’a pas livré de vestiges archéologiques probants mais a permis de mettre en évidence cependant une problématique géomorphologique de dépôts très anciens sur la colline.

- Une terrasse « haute », la zone plus au sud, avec le développement d’une zone funéraire antique, à crémations et dépôts secondaires (probablement aussi d’inhumations) datée du Haut empire et plus précisément de la première moitié du Ier s. apr.-J.C., donc relativement précoce par rapport aux autres espaces funéraires connus dans ce suburbium ouest de Lugdunum. Trois sondages ont permis la mise au jour de vestiges (apparition entre 271,85 m NGF au sud et 270,14 m NGF plus au nord) qui recouvre une grande aire estimée à 580 m2 (surface minimum), située directement sous une plateforme de remblais mis en place au XXe s. au nord et au sud, et conservée également sous les couches végétales du parc à l’ouest de la parcelle, en direction de la rue Champvert.

Cette zone funéraire semble s’être installée dans un terrain naturel légèrement remanié et sur une double- pente d’environ 7 et 9 %. Peu épaisse, elle ne possède vraisemblablement qu’un seul niveau homogène (avec des niveaux de terrasse possibles) contenant des structures funéraires secondaires de type vases ossuaires ou fosses à résidus de combustion analysés lors de ce diagnostic. Le mobilier (instrumentum, clouterie, céramique, figurines) déposé ou associé à ces structures funéraires, est très riche et varié, laissant présager des gestes funéraires assez inédits mais qui s’intègrent parfaitement dans le panel des variations des pratiques funéraires étudié à l’Antiquité à Lyon.

Une concentration assez dense de structures antiques (3 urnes funéraires, quelques probables fosses à résidus et de possibles inhumations) a été relevée dans le sondage 6 et n’a pas été fouillés lors de ce diagnostic pour permettre ultérieurement, avec l’accord du SRA, une fouille complémentaire et un décapage exhaustif de surface.

Figurine articulée associée
à une fosse à résidus de
crémation antiques
En effet, cet ensemble funéraire des Massues pourrait venir compléter les connaissances sur les zones funéraires antiques des abords de Lugdunum, et sur les pratiques ou gestes funéraires mais également sur l’organisation interne de ces espaces dédiés aux morts, notamment à une période précoce du Haut empire.

En outre, sa situation, placée entre les aqueducs du Mont d’or et l’aqueduc de la Brévenne, et l’accès même à cet espace funéraire posent la problématique sous-jacente de l’existence probable d’une voie assez proche ou de voies secondaires sud-nord reliant la colline de Fourvière et la plaine de Vaise (possibles voies de la Narbonnaise et d’Aquitaine ?), théme qui constitue actuellement l’un des axes majeurs de recherche pour l’Antiquité à Lyon.

D’un point de vue de la conservation des vestiges, les limites de cette zone funéraire n’ont pas été relevées. Les seules limites possibles à appréhender avec certitude sont celles situées à l’est et au sud, car, compte tenu de la pente, le niveau anthropisé antique remonterait au niveau de la côte actuel dans la partie la plus au sud-ouest de l’emprise, et a donc probablement disparu dans les travaux d’aménagement de la clinique. L’existence d’une possible délimitation physique à l’ouest de la zone funéraire, vers la rue Champvert, n’est pas à exclure mais à confirmer de manière plus complète lors de la fouille. Enfin, il ne faut pas oublier de mentionner les probables perturbations dûes aux systèmes racinaires des arbres présents dans cette zone en particulier (dont un vieux cèdre au centre), qui ne manqueront pas de soulever aussi quelques contraintes techniques lors de la fouille ou lors de l’aménagement.